Couze et Saint-Front: regard sur le 14 juillet

 

LE 14 JUILLET VU D’UNE PAROISSE DU BERGERACOIS : COUZE ET SAINT-FRONT.

  

     Lors d’un  passage aux archives, Jacqueline Pralon qui travaille sur cette paroisse m’a signalé cette note inachevée du curé Dumontet  (ADD E dep508)sur les événements du 14 juillet. Elle donne l’impression d’une écriture à chaud dans une lecture assez catastrophiste des événements. Il est important de noter la précision des informations à propos de l’événement qui déclenche la première et la plus importante des journées révolutionnaire. On voit bien qu’on est très vraisemblablement en présence d’un lecteur de journal

 

Ligue contre les Etats  Généraux  découverte et anéantie par les Parisiens

 

Le samedi 11 juin 89, m Necker, contrôleur  général  des finances, reçut par Monsieur  de la Luzerne l’ordre du roi de s’éloigner sans délai de la cour et du royaume. Ce ministre, dans la soirée monta en voiture et prit la route de Paris. Il se fit conduire à sa campagne de Saint- Ouen dont il partit pour Bruxelles.

L’on apprit, le même jour, que M  de Puységur,  de la Luzerne et de Saint-Priest avaient également quitté le ministère et le conseil. Cette révolution porta aux places vacantes M le baron de Breteuil en qualité de président  du Conseil des finances, M le duc de Lavauguyon au ministère des Affaires  étrangères M de Broglie à celui de la Guerre.

A cette nouvelle la fermentation devint extrême dans ts les esprits, on la rapprocha de l’arrivée des troupes qui circonscrivaient Paris et des préparatifs menaçants qui se faisaient autour et au nombre desquels se trouvait celui de trains considérables d’artillerie arrivant de Couay. Un placard affiché le dimanche matin annonçait que les précautions militaires n’avaient pour objet que la tranquillité publique.

Cependant le régiment du royal allemand et une compagnie de suisses arrivèrent le soir même à la place de Louis XV et aux Champs- Elysés. Les cavaliers du premier de ces corps de fusiliers ( )sur le boulevard avec la garde française  et forcèrent le jardin des Tuileries le sabre à la main. La nuit du dimanche au lundi faisant craindre les plus sinistres événements. Paris se trouvait entre une armée à ses portes et la foule des gens sans aveu qui pouvaient profiter de cette crise terrible pour se livrer a toute espèce de désordres. Le lundi, on fut instruit de l’inutilité du zèle, des efforts patriotiques, des instances redoublées de l’assemblée  Nationale pour obtenir l’éloignement des troupes. Les citoyens, universellement pénétrés du danger public et des devoirs qu’ils  lui imposait s’assemblèrent dans tous les districts. Partout on sonnait le tocsin, partout….

Récit  interrompu et jamais repris

 

1°On notera d’abord le titre, manifestement d’un curé patriote : le terme de ligue est assez péjoratif (cf la fin du XVI°) et la suite du titre  annonce bien le récit d’un complot.

2°Les personnages : il s’agit d’une part des ministres du gouvernement de Necker renvoyé le 11 juin : le Comte de la Luzerne y était secrétaire d’Etat à la Marine. C’est effectivement lui qui remit à Necker le samedi après midi la lettre du Roi qui le congédiait et devant laquelle il formula aucune objection.. Le comte de Saint-Priest (ministre sans portefeuille) et  le comte de Montmorin étaient proches de Necker et durent démissionner  le 12 juillet au matin. La Luzerne, moins proche, exprima cependant sa solidarité avec le genevois en démissionnant. Puységur se   retira, lui , pour une raison inverse :  il  avait participé a l’organisation du changement de gouvernement et souhaitait  faciliter la formation du ministère de combat en laissant le secrétariat d’Etat à la Guerre au Maréchal de Broglie.

    Le nouveau ministère constitué le 13 juillet est ainsi présenté par Louis XVI dans sa lettre à de Castries : « J’ai mis Monsieur  le Maréchal de Broglie à la tête de l’armée, M Foulon sous lui, pour les détails en supprimant le Conseil de la Guerre ; j’ai rappelé M le Baron de Breteuil au Conseil en lui donnant la place de Chef du Conseil des finances, et j’ai donné les Affaires étrangères à M de Lavauguyon » ( Cité Par J EGRET,Necker, ministre du Roi, p 308).

   3°Le déroulement des faits met en avant l’ampleur de la concentration militaire. Il donne surtout l’initiative de l’affrontement à l’action militaire. En réalité, le renvoi de Necker provoqua,le dimanche matin 12, un vif émoi et la tension monta avec les discours enflammés dont le plus célèbre est celui de Camille Desmoulins annonçant « La Saint-Barthélémy des patriotes ». La manifestation déroula un long cortège boulevard du temple promenant les bustes voilés de noir de Necker et duc d’Orléans. C’est à ce moment là que débutèrent les affrontements et où la foule se heurta  au Royal Allemand du prince de Lambesc dans le jardin des Tuileries.

La suite du texte montre l’impuissance des patriotes de l’Assemblée et de Paris pour obtenir le retrait des troupes cause de l’émeute . Ces mêmes patriotes sont alors pris en tenaille entre les forces  militaires et la » canaille ».

    Dommage que ce texte ne soit  pas achevé…Il montre en tout cas un type de lecture  patriote classique  du  14 juillet et la permanence du sentiment du complot aristocratique et la nécessaire mobilisation des patriotes qui devient un moteur des événements.



23/01/2012

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