Douville : maréchaussée contre troupe patriotique (septembre-octobre 1789)

DOUVILLE : l’Affaire LOREILLE et l’affrontement
entre Conseil des Communes et maréchaussée.

 

       Nous
avons  montré au chapitre 8 comment
l’affaire de Douville opposant le notable Malafaye à la troupe patriotique
constitue un tournant puisqu’à la suite de la plainte du premier, la
maréchaussée intervint contre la seconde dont elle traita  l’intervention au service de l’ordre communal
comme un attroupement armé à caractère séditieux.

     Malafaye
, marchand , habitant du village de Labeylie, paroisse de Saint Martin des
Combes s’était d’abord adressé à « Messieurs les Officiers municipaux du
comité de Périgueux en des termes  qu’il
rappelle ci-dessous dans la plainte qu’il porte devant la maréchaussée n’ayant
obtenu gain de cause du côté du comité . Voici cette plainte à propos de
fait  remantant au 8 octobre(ADD B 834)

 

 

 Disant et se plaignant que faisant vendanger
le 8 du courant une vigne qu’il possède 
au village de Leyssandonie, paroisse de Douville, distant d’une lieue de
son habitation , ignorant qu’un
certain LORELHE, chef ou commandant de 
la milice nationale  de DOUVILLE
eut fait défendre de vendanger avant le lundi suivant. Il fut étrangement
surpris de voir venir à lui une douzaine de 
fusiliers de ladite troupe qui lui signifièrent de la part de leur chef
une amende de 10L pour avoir enfreint les ordres ou d’aller prison à
Villamblard s’il ne payait pas ladite somme de suite avec confiscation de la
vendange

   Ledit suppliant qui n’a jamais reconnu
aucune espèce d’autorité publique ds le susdit Lorelhe faillit éclater de rire
à une pareille annonce, sachant d’ailleurs que le régime féodal était
entièrement anéanti par un décret de l’AN du mois d’août dernier, cet abus ne
devant plus avoir lieu, ledit Loreilhe n’ayant jamais été seigneur  haut justicier  quoiqu’il s’estime pour le moins autant et
qu’il a affecté d’en prendre les airs, ne pouvait avoir monté si vite et à un
si haut degré de puissance maintenant annulée, ne savait pourtant que penser
des réitérations que lui firent lesdits soldats.Enfin il leur dit qu’il
n’avait  pas cette somme et sur le champ,
on lui signifia l’ordre d’aller en prison à Lestaubière par provision. Il fut
forcé de les y suivre et .  S’ennuyant enfin de cette
plate comédie , il sortit
l’argent qu’il avait sur lui, veut leur donner, mais comme toute le somme n’y
était pas, on la refuse  et on lui
réitère les menaces de la prison. Cependant, à force de supplication, il
parvint à avoir crédit du restant  en fournissant caution suffisante, se
réservant bien in petto de vous en porter plainte,MM, pour que vous ayez la
bonté de mettre ordre à un abus aussi tortionnaire.

   Et comme ledit suppliant n4a pas trouvé
l’occasion de donner le restant de cette somme, quelques uns de ces soldats
furent dernièrement chez lui, où , ne se trouvant pas ils auraient dit à sa
femme que le défaut de payement leur coûterait  20  fois plus Ce que voulant empêcher et voulant
une fois pour toutes se mettre à l’abri de semblables tracasseries il à recours
à votre autorité afin qu’il vous plaise MM,

1-Ordonner
audit Loreilhe de restituer la somme extorquée par ses ordres avec défense de
plus récidiver et de se défaire de ses avis tyranniques et concussionnaires

2-De lui faire
des excuses à la tête de sa troupe et lui déclarer que mal à proppos il l’a
inquiété dans l’exploitation de son revenu avec promesse de ne plus y revenir

3 Qu’en
conséquence de ces extravagantes tracasseries il s’est donné bien du mouvement,
a perdu plusieurs journées de marche très préjudiciables à son état et que tant
pour ses trajets à Périgueux que pour toutes dépenses et faux frais, dommages
et intérêts, il lui soit compté la somme de 300 livres avec prise de corps s’il
n’y satisafait pas à la première réquisition

 

    A la lecture de
cette plainte il convient d’abord de rappeler
que le commandant de la troupe, Loreilhe est un notable que nous retrouvons aux
délibérations de la sénéchaussée en mars, de sorte que l’on est ici dans un
conflit de type politique opposant deux conception du nouvel ordre.  Sans avoir entendu la défense mais au constat
que le Conseil des communes n’a pas retenu la plainte de Malafaye, on peut
estimer que l’on est dans une classique situation de non respect du ban des
vendanges que les communautés fixaient chaque année, nul n’ayant le droit de
commencer la récolte du raisin avant cette date.

     Le langage que tient le plaignant à propos
de la milice nationale relève clairement d’une ironie qui se veut mordante et
témoigne d’un absolu refus de reconnaître les autorités nouvelle. Situation
classique qui débouche sur une menace d’emprisonnement.

      La plainte à la maréchaussée est
clairement construite de manière à opposer un honnête citoyen  à un individus qui  s’est autoproclamé commandant et  instaure une forme de tyrannie à l’heure où
le 4 août a libéré les campagnes de l’ordre féodal. On voit ainsi les types de
lecture  et surtout les conséquences
tirées des événements.

      Il est probable que cette affaire prit
vite une certaine ampleur et que Malafaye trouvant des soutiens pour présenter
des exigences très conséquentes visant à ruiner purement et simplement le
crédit de la nouvelle autorité.

      La maréchaussée intervint  en octobre dans les conditions étudiées
provoquant la vive réaction du conseil des communes dès lors que les  cavaliers confondaient maintien de l’ordre et
débat politique . Nous renvoyons à la suite dans le même chapitre



03/03/2012

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