Parcours d'historien

Un itinéraire de recherche.

 

Voici environ quatre ans que j’ai entrepris des recherches sur la Révolution en Dordogne. Deux motivations m’ont alors guidées.

 

La première était dans la ligne de mes travaux antérieurs. J’ai abordé la recherche d’une façon institutionnelle en quelque sorte puisqu’il s’agissait alors pour moi de préparer, après l’année de licence ce qu’on appelait un Travail d’Etude et de Recherche qui joint a un certificat complémentaire permettait d’obtenir la « maîtrise », point de passage obligé pour la préparation de l’agrégation. J’ai choisi, sur les conseils de Louis Grillon (j’y reviendrai) de travailler, à partir des procès et donc de la série judiciaire des archives départementales de la Dordogne sur la dîme, le titre final du mémoire soutenu en septembre 1971, d’une centaine de pages étant  la Dîme ecclésiastique en Périgord au XVIII° siècle . L’agrégation et le capes obtenu en 1974 , j’ai décidé de reprendre des recherches sous le thème Clergé et vie religieuse en Périgord à l’époque moderne. Sujet sûrement passionnant à une époque où les études sur ces questions sous l’impulsion de chercheurs comme Jean Delumean ou Pierre Chaunu, le Père Perrouas ou l’abbé Plongeron connaissait une réelle vigueur. L’étude des sources a largement contribué d’ailleurs (mais c’était dans l’air du temps) vers un sujet plus sociologique : l’étude du clergé et plus particulièrement d’une catégorie dont le rôle et kla place dans la société rurale m’ont paru décisive. On a longtemps évoqué un « bas clergé » sympathique avec Les curés de campagne de l’Ancienne France «  de Pierre de Vayssière, plus revendicatif, « prolétariat ecclésiastique «  pour A Soboul. Les sources, notamment sur les revenus personnel et bénéficiaux me semblaient plutôt montrer des personnages bien installés. La qualité de leur formation à travers les séminaires mis en place au XVIII° siècle en Périgord , la présence d’un droit protégeant y compris ceux qui dépourvus de bénéfices se contentaient de la portion congrue, leur stabilité dans les fonctions curiales désignaient pour moi des notables. D’où la construction de ma thèse de troisième cycle intitulée tout simplement Les curés du Périgord au XVIII° siècle que je soutins en juin 1979 à Bordeaux, le professeur Taveneau étant président du jury assisté des professeurs de Viguerie et Poitrineau, Paul Butel mon « patron «  officiel étant rapporteur. Par une invraisemblance un peu affligeante, Jean-Pierre Poussou qui avait de bout en bout dirigé mon travail comme il l’avait fait pour mon TER ne siégeait pas dans ce jury. Cette thèse fut publiée sous un titre qui voulait annoncer d’autres travaux, La Société Périgorde au siècle des Lumières, tome 1 : le clergé paroissialpar les éditions Mediapress que dirigeait alors Pascal Serre qui avait été mon élève et pour lequel j’écrivais dans Périgord Panorama. J’ai ensuite écrit une série d’articles. Celui-dont je garde le meilleur souvenir est consacré à l’alphabétisation et figure en coécriture avec Paul Butel dans le grand ouvrage de Furet et J Ozouf,Lire et écrire, l’alphabétisation des français de Calvin à Jules Ferry et fut publié aux Editions de Minuit. Il visait a montrer comment l’alphabétisation en France avait relevé d’un mouvement pluriséculaire a partir de la Réforme et que la Contre-Réforme avait puissamment relayé pour permettre à la France de dépasszer au moment de la Révolution u taux moyen d’alphabétisation de 50% , la dernière étape étant franchie avec les lois scolaires des années 1880. En fait dans ce contexte et concernant la Dordogne, très en retard comme le montrent dans le même ouvrage les chiffres de Jean-Pierre Poussou, il m’avait paru que la scolarisation, loin d’être inexistante en Périgord au XVIII°siècle avait surtout fonctinné pour permettre aux élites locales d’acquérir la culture latine classique des collèges qui permettait de former des praticiens ou de poursuivre des études plus relevées. Mais elle n’était pas un instrument d’alphabétisation dans un milieu ou celle-ci n’attirait guère. D’où la conclusion que c’est l’alphabétisation qui fait l’école et non l’inverse. Par ailleurs aussi ce très grans retard périgourdin me paraissait pouvoir permettre deux conséquences : d’une part il apparaissait contre la manifestation d’une faible imprégnation de la Contre-réforme dont il était l’indispensable complément ; de l’autre il signifiait que la Dordogne était l’un de ces départements passés à la culture écrite par l’école laïque et cela me conduisait a estimer que la force de l’esprit radical et laïque, le tranquille anticléricalisme en était la conséquence. J’ajoute que cette faiblesse et ce retard de l’alphabétisation s’étaient poursuivis jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale : ni mon père, ni ma mère n’avaient le certificat d’études et ma mère n’était guère allé qu’un an de façon régulière à l’école, ce qui fut pour elle une vblessure dont la cicatrice ne se referma jamais. Elle devait m’insuffler pour l’école une passion et un optimisme dans la capacité de celle-ci à transformer les hommes qui ne m’a jamais quitté. Mes publications d’articles des années 1980 ont donc concerné le clergé : ainsi ai-je étudié pour le colloque des sociétés savantes d’Agen le Clergé agenais du XVIII° siècle. Surtout je suis passé de l’étude du clergé à celle de l’agriculture au XVIII° assez normalement puisque la dîme est de ce point de vue un indicateur reconnu : d’où l’article dans les Annales du Mdi sur les revenus des vicaires perpétuels et le travail sur les défrichement en Périgord, publié dans le Bulletin de la Société Historique du Périgord. Après le 3°cycle venait normalement la thèse d’Etat : j’ai entamé un travail sur l’évolution des élites des années 1770 aux années 1830 sous la direction du professeur Jean-Pierre Poussou : je n’ai jamais pu vraiment avancer compte tenu de la place que prenait le travail de direction pédagogique de mon établissement. Ici ou là j’ai participé à des publications diverses : ainsi l’introduction en 1988 à un Guide du Périgord et du Quercy ; ainsi une études avec Albette Sadouillet Perrin sur les Pélerinages en Périgord. La responsabilité des deux exposition, Millénaire Capétien en 1987 puis bicentaire de la Révolution ont constitué des moments d’intense travail. Le second surtout qui me conduisit à établir une chronologie de la Révolution française alors inexistante. A l’époque j’avais accumulé des centaines de photocopie grace à l’extreme amabilité des services d’archives départementales que j’ai retrouvé avec plaisir. J’au aussi publié une étude économique et sociale sur le Périgord au XVIII° siècle que je cite souvent dans l’ouvrage. Après 1989 s’est ouverte une decennie ou la recherche a bien peu compté pour moi : je faisais alors trois « métiers », celui de professeur d’Analyse économique et d’histoire dans ma classe préparatoire HEC , celui de chef d’établissement et d’adjoint au maire chargé de la communication. C’était beaucoup d’autant que j’aurais peine à dire laquelle de ces trois fonctions me donnait le plus de satisfaction. Ma nomination me conduisit à d’autres fonctions dont je pensais qu’elles me laisseraient plus de loisir. Lors de mes séjours à Périgueux hje repris le chemin des archives pour y reprendre l’étude du monde rural. Je fis alors une expérience intéressante : celle d’ouvrir, presqu’au hasard des liasses notariales et de les feuilleter sans plan réel. Je compris bien des aspects de la richesse du monde rural.Mais je revenais à une histoire du quotidien, celle des structures braudéliennes. J’étais las de cette approche sur qu’elle faisait de moi une taupe dès lors que les grands mouvements de l’histoire évenementielle du Périgord me restaient inconnu. J’avais beaucoup fait de cours avec mes étudiants sur l’histoire immobile mais savait de moins en moins où elle commençait et où elle s’arrêtait. La notion rostowienne de « sociétés traditionnelles me satisfaisait de moins en moins à l’heure où la vision du développement se modifiait radicalement ave l’émergence . Je voulus revenir à l’histoire politique. Je compris que c’était par l’histoire de la Révolution française qu’il fallait y entrer. Le bicentenaire m’avait appris beaucoup de choses wur la Révolution en Dordogne. Beaucoup d’histoire un peu misérables sur la Révolution en Dordogne furent alors commises par des hommes qui avaient plus de relations que de connaissances. Finalement seul restait Bussières dont AM Cocula avait préfacé la réédition. Mais cet ouvrage, évidemment vieilli pour son étude de l’Ancien Régime sans être dénué d’informations précieuses, souffrait de ce qui avait été son mérite : apporter au roman national la contribution périgourdine d’une geste révolutionnaire où la « race »paysanne périgorde tenait un rôle majeur. Bussières est en ce sens bien proche de Le Roy et Rocal devait reprendre le même chemin. Je m’aperçus aussi que Bussières avait escamoté l’étude de la « pré-révolution «  dominée par la noblesse et pour lmui attachée a un combat d’arrière garde, celui de la reconquête des états du Périgord. Son choix lui faisait aussi passer pâr profits et pertes des pans entiers de documents dès lors qu’ils s’écartaient de ses choix, comme c’était le cas pour l’étude du rôle de la maréchaussée dans l’agitation frumentaire avril-juin 1789. Tous ces points commandaient de reprendre l’étude en 1789. C’est ainsi que j’ai commencé des recherches qui s’inscrivent dans ma propre histoire.L’épreuve a été dure car des prpblèmes de santé m’ont rendu l’exercice de rédaction très dur et m’on obligé à de multiples réécritures dont témoigne l’encombrement de mes ordinateurs. Et puis j’ai du sans cesse réduire. Souvent avec profit.Mais parfois aussi avec le sentiment que le lecteurs aurait pu faire un bel usage de ces pierres rejetées. J’arrête : l’introduction du blog explique tout ceci.



23/01/2012

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