Le Buisson : contre l'ordre féodal (janvier 1789)

 

LE BUISSON

 

AUTOUR du BUISSON : LE MOUVEMENT CONTRE L’ORDRE FEODAL ET SES PHASES
    
       Nous avons indiqué les conditions dans lesquelles sont ici recueillis les témoignages (3° partie, chapitre  10). Nous proposons ici ces témoignages pius une tentative se synthèse qui place les faits dans une situations transitoire : aux restitutions exigées s’ajoute les brûlement des bancs. Il s’exerce par une bande semblable à celle qui sévit autour des châteaux de Cugnac et Boisse  mais dans le cadre paroissial avec brûlement de bancs. Le petit groupe qui conduit cette « mise en  redressement de l’Ancien Régime », semble rester pourtant étranger à la majorité de la paroisse. Notons que le Buisson fait partie de la confédération sarladaise. Cette situation explique que l’on l’aille pas jusqu’à la plantation des mais.
    

ADD B 843 et AN
TEMOIGNAGE de SAURET, Cne Régiment de Poitou
Lieu non indiqué
29 janvier


« Instruits que de toutes les villes des environs la vôtre est la seule à déployer toutes ses forces pour arrêter les insurrections et brigandages qui se commettent journellement dans le pays, j’ai l’honneur de vous prévenir que vendredi dernier 29 janvier, il est venu chez moi une troupe de gens les uns armés, les autres sans armes, qu’ils m’ont forcé à leur donner une somme de 20 écus qu’ils prétendirent que j’avais fait payer injustement il y a 10 ans à lo’ »un d’eux
Le nommé Géraud de Réparé, armé, le nommé Quincayré aussi armé tous les deux détenus ds les prisons étaient à la tête avec le fils ou neveu du nommé Pierre Cheyssat, faisant le métier de vendre des pierres de meule. Il était aussi armé. »
   Le déposant explique qu’averti il avait fait fermer les portes, qu’il a entendu crier »au barrat,  bourro lo portal ». On ouvre et apparaît Réparé flanqué de ses acolytes. Il demande « les 20 écus que j’avais dit-il pris injustement ». Cheyssat demande de son côté les 20 écus que je lui avais fait payer il y a 10 ou 12 ans Le déposant offre un billet accepté par Cheyssat mais refusé par Réparé quoi dit que les billets ne valaient plus rien et qu’il fallait de l’argent ». il les donne et on lui refuse un reçu. Je les fis sortir sans leur offrir à boire »
Se propose pour toute info complémentaire.
Ces deux chefs méritent sûrement l’animadversion des honnêtes gens. C’est à main armée qu’ils m’ont forcé. Il n’est entré ds la cour que 4 ou 5 individus que les domestiques ni moi ne connaissons… Il me parut que l’attpmt qui n’entra pa chez moi et qui resta dans le chemin était considérable était considérable

BOUCHER, lr BUISSON, 4 fev
Instruit que  etc...
26 janvier…
Le 26 ds la soirée venant de chez l’avocat Frégère, je rentrai chez moi.
Je rencontrai G LAVAL dit REPARE (2 noms ill) qui voulaient faire brûler les bancs et disaient que si quelqu’un voulait s’y opposer il leur couperaient la tête.
Qu’il faudrait aller voir le sieur Laurent à cause qu’il avait payé sa rente à Cugnac.
Le lendemain, après avoir brûlé les bancs  je les vis arriver de chez le sieur Souffron accompagné d une 40ne d’autres qui disaient s’étre fait donner 24L.
Je sais que depuis cette époque jusqu’au 30, ,ils n’ont cessé d’être attroupés tjrs ledit Réparé à la tête et qu’ils sont allés chez un nombre de personnes les faire contribuer
Ledit Réparé a dit qu’il se soucierait de  tuer 40 riches comme de rien et que si d’autres voulaient le faire ce serait bien tôt fait?
Quques temps avant les attpmts, R avait crié devant la porte de l’église de ne pas payer les R. Je lui dis que il se ferait arrêter et mettre en prison il me répondit que quand il viendrait 40 cavaliers, il les mettrait tous dans le puits et que si l’on ne pouvait en venir autrement il mettrait le feu que je valais aussi peu que les autres.
Quelques jours après, je lui dis qu’on devait venir l’arrêter dans la nuit il fut chercher le fusil de son beau-frère et il se tint toute la nuit sur sa porte avec ledit fusil dt le nommé sans chagrin le vit aussi bien que moi.

Témoignage de MARTRES, curé d’Alès
29 janvier
Hommage à Belvès et demande de secours (Après la demande que j’ai eu l’honneur de vous faire verbalement il y a quelques jours pour que vous ayez la bonté de nous accorder secours et protection en cas de quelque événement malheureux dans ce canton.
29 janvier à Alès de Badefols
Attroupement de 40 à 50 hommes, les uns armés, les autres sans
Géraud Réparé, Le Buisson , psse de Cabans, armé d’un fusil
Gens étrangers à ma paroisse
fit un mvt pour me saisir au collet
Ma cuisine se trouva pleine de monde
Cette nombreuse compagnie me força à lui donner à boire et a manger
24L que je leur donnai. J’ai fait il y a environ 15 ans procès à quelques hbts de la paroisse de CABANS quques dommages faits par eux ou leurs bestiaux dans un pré.
Ils exigèrent un billet par lequel je promettais de leur rembourser à la St Jean prochaine ts les frais fais à cette occasion.
Comme j’avais un peu perdu la tête il m’est impossible de me rappeler  tous les frais faits à cette occasion le billet qu’on me força de faire après avoir bien bu et bien mangé
Cette troupe prit le chemin de mon église pour y vérifier les dégradations qu’on avait faites
Géraud Réparé : délivrer la psse d’un fléau aussi redoutable
Si vs le voulez, je volerai à Belvès au 1° ordre et vs le dirai moi-même

Le BUISSON, 4 fev
DELISLE de FREGERE
27 janvier
2h après-midi
Troupe de gens de 100 personnes, hbts de la psse
Allaient à Cabans brûler ts les bancs
1h plus tard arrivée de Beaumont et du chevalier de Boucher. Allaient à l’église. Ts les bancs étaient brûlés ds le cimetière
J’ai entedu dire ques mêmees sont allés chez plusieurs particuliers dt le  dt MM de Caumont, de Sauret et le curé d’Alles et la Sirolie et leur avaient fait donner de l’argent, « mais je n’ai vu aucun des faits dont je viens de parler »
Je ne plains pas d’eux, pas même de Réparé à qui j’ai fait pliusieurs représentations qu’il m’a paru prendre en bonne part notamment dimanche dernier,  jour de la capture dudit Réparé. Il me dit qu’il n’avait commis aucune violence qu’il était vrai qu’il avait assisté à ttes les entreprises faites contre les MM dejà désignés.
Il y a 2 mois j’entendis ledit Réparé qui criait devant la porte de notre église à l’issue de la première messe à haute voix qu’il était défendu de payer les rentes àpas un sgr sous peine de perdre leur rente. Je lui représentai à quoi il s’exposait. Me remercia de l’avertissement et me dit qu’il ne le ferait plus quand on lui donnderait un louis d’or que le nommé Soustre de la même psse lui avait donné 18 sols pour le faire crier.
J’ai vu plusieurs autres qui m’ont dit y avoir été conduits par force et la crainte et menace que leur faisaient quelques uns d’aller chez eux leur boire leur vin et leur manger leur pain

CAUMONT,
Cabans, 5 février
Hommage à Belvès
27 et 28 du mois,
il est venu dans mon village au moins une 50ne qui avaient la plupart des fusils, d’autres des hâches, d’autres de gros bâtons, faisant beaucoup de menaces a ceux qui refusaient de les suivre
M’ont forcé à leur donner à boire et à manger
On exigé 30L mis en dépôt par les px de Cabans destinées aux réparations de l’églse laquelle somme et même au-delà j’ai déjà employée aux rep ce que j’ai représenté à Réparé, chef de cette troupe de brigands ainsi que le nommé quincayré. Il y en avait plusieurs de ma paroisse qui n’avaient point de mauvaises intentions, engagés à force de manaces.Soustre de cette psse a fait bcp de menaces à mes domestiques leui présentant le bout de son fudsil et propos très indécents.
Cependant, sur les représentations qu’on leur a faites avec toute la douceur possible, Partis pour aller chez M de Chassard où ils ont fait ttes sortes de menaces et viloence atroces.
M^attroupement a brûlé les bancs de l’église de Cabans où ils ont commis devant le SSt les indécences les plus grandes.
« Il y a un mois, ledit Réparé à l’instigation de queques uns de la psse avait crié devant la porte de l’église que quiconque serait assez hardi et assez téméraire de payer les rentes à quelque sgr qu’il leur servirait lui-même de bourreau. Je n’ai point d’ailleurs de sujet de plainte contre cet homme, je ne fréquente que très peu les lieux de sa démeure. ses voisins pourraient moeux connaître sa conduite que moi
Témoigne ànouveau sa reconnaissance pour les bons et loyaux services que voytre commune a bien voulu nous rendre en nous délivrant de ces mauvais sujets sous la prière qui vous en avait été faite par les psses du voisinage et la nôtre en particulier dont je fus l’interprête des mêmes sentiments de reconnaissance qui l’animent. Ns ns flattons, MM, pour la bonne conduite que nos bons citoyens tiendront à l’avenir et par la confédération qui vient de ns unir avec vous pouvoir vous donner ds la suite une meilleure idée de notre paroisse et mériter vos suffrages en vouds donnant des preuves authentiques de nos sentiments etc…
Suit le PV de Bôvier de B assisté de Fargue et Dellpy.
Requis du Roiy du 27 février et du 12 de ce mois
Nouvrau requis de ce jour où il persiste dans ses cionclusions : prise de corps de Hugon dit Quinquayré

La SIROLIE
CUGNAT
5 fev 1790

Le 27 janvier il est paru devant mon portail Réparé, qu’il a été le premier de l’attrpmt et qu’il s’est joint a lui Q pour enlever la rente que M touron avait payée au sgr de Cugnac, l’ayant forcé par des menaces à la réclamer au moment que son domestique sortait de chez moiu, ils ont pris lad rente qu’ils ont emportée.Le m^jour led Réparé a battu mon meunier comme il ne voulait pas le suivre.Le lendemain du voml de la rente cette belle compagnie (je la nomme belle compagnie parce que tous ces braves gens appelaient R leur capitaine) envoya un de mes tenanciers qui me devait 100 f d’arrérages.Il m’avait donné àcompté 2 barriques de vin.il eiut le malheur de le dire et tous ces brigands lui dirent que s’il ne réclamait l’argent de ces 2 barriques de vin on allait lui manger tt ce qu’il aurait à lui, bouleverser tte sa maison et à moi me boire tout mon vin.
Le pauvre homme vint me trouver tt effrayé en pleurant pour me prévenir de tt cela ert tâcher d’y mettre de l’ordre. Pour tranquilliser tt cela je fus joindre la troupe joyeuse pour donner 3 louis d’or qui étaient le prix de ce même vin et je leur dis » M qu’il voous souvienne que je paye cet homme ret vous prie de ne lui faire aucun toer. Il n’y eut pour lors que ledit Soustre, mauvais sujet, puisqu’il a été condamné à être pendu qui me dit qu’il voulait entrer chez moi pour boire.Mais je lui répondis que je ne recevai pas chez moi les gens ivres en si grand nombre et je fus pobligé d’envoyer chercher 2 ou 3 bouteilles de vin pour boire avec eux. Ledit Soustre que si je n’étais pas des voisins 4 ou 6 louis d’or ne me tiendraient pas quitte mais que c’était à revoir. Soyons ami si vs m’en croyez me dit-il car je puis beaucoup

BEAUMONT de la TOUR
4 fev 1790

27 janvier j’étais allé à la Bourgonie, on m’avertit qu’on sonnait le tocsin à Cabans. Je passai à la tour et de là je me rendis à Cabans et je vis qu’on achevait de brûler les bancs ou était R et bcp d’autres et led R vint me demander pour faire balayer l’église. Je lui répondis que je n’avais pas un si grand intérêt que l’église fut balayée ou non. Un moment après,  je me retirai avec M Delisle et le chev de Boucher, ou les accompagnai jusqu’à la croix du Buisson après les avoir quittés, en me retournant je m’aperçus qu’il y avait une troupe de 20 à 30 de ceux qui venaient de brûler les bancs qui traversaient le champ de Cabans pour venir me joindre dans le grand chemin sous le champs de la Tour me demander pour boire. Je leur demandais à quel titre je leur devais qque chose, il me  dire que non, que c’était à titre de bonté, tous armés de bâtons du nb desquels était le nommé R, quicayré qui sont en prison, mernés, tondu, les 3 faiseurs de meules et autres que je ne connais pas. Je leur donnai 3 livres qu’yun des faiseurs de meule prit comme se trouvant le plus près, se retirèrent et moi aussi

TOUREN
 Cabans, 4 fev 1790
Remise des rentes
Le 27 janvier dernier, je me décidai à envoyer au château de Cugnac chercher 3 quartons moins demi picotin froment ou seigle et une poule que j’avais cd payé de rente que je dois audit Cugnac, a cause que j’avais été averti que si je ne le faisais rendre on me couperait le cou et qu’on viendrait me manger ert boire tout ce que j’avais chez moi sans avoir pu découvrir précisément qui tenait ces propos.
Mais à la suite de la cour du château de Cugnac, il se présenta G Laval dit réparé le fils du nommé Q qui sont l’un et l’autre en prison le gendre de Gascou et le nommé Jean Quette faiseur de meules et prirent mon domestique et le cheval en l’amenant devant la porte du Faure du Roussel qui fait cabaret et ledit R prit le blé et la poule et le mit chez ledit Faure et chargèrent mon domestique de dire qu’ils viendraient me voire le soir.
Agapes forcée
En effet, vers les 2h de l’après midi, vint chez moi le nommé Coudert me dire qu’il allait arriver environ 300 h pour brûler les bancs et qu’on avait charge de venir me dire de leur apprêter le souper. Je lui répondis qu’il me serait impossible de donner à souper a tant de monde, je lui demandai si tous lui avaient donné cet ordre. Il me répondit que non mais qu’il y en avait une 40ne, lequel dit Coudert a toujours été de la bande des brigands. Et après lui avoir témoigné la peine et l’embarras où j’étais et l’alarme que cela donnait a toute ma maison,
Coudert me dit que je ferais bien d’aller au cimetière quand on brûlerait les bancs et que je les invitasse à boire que par ce moyen j’éviterais qu’on ne me fouillasse les pots d’oyes et autres fracas.

Ce que je fis. Je les invitai à boire après avoir brûlé les bancs je les invitai encore et dans ce moment R dit qu’il fallait se partager aller en partie chez M le Curé et les autres chez moi. Alors je lui dis de les mener à tous. Ils vinrent boire sous mon portail où j’avais fait mettre une table avec du pain au nombre de plus de 40 qui burent environ 18 bouteilles de vin et mangèrent en pain.

Il y en avait qui avaient de gros bâtons et d’autres des haches et acherons dt ils s’étaient servis pour couper les bancs  
et après avoir bu et mangé ils sortirent sans faire d’autre violence, excepté 4ou 5 qui furent chez M le curé au nb desquels était R, Jeanquette et le gendre du gascou et,

Contribution forcée
sortant de là jeanquette vint le joindre avec R devant mon portail à cause que dans le cimetière et lorsqu’ils buvaient je les avait priés de remettre ma rente. Et ledit R me tira à part et me dit qu’il avait parlé aux autres et qu’ils les avait décidés ainsi que lui à me remettre ma rente mais qu’ils avaient fait le matin pour 4L10  de dépense qu’il fallait que je la paye. Alors je mis la main dans la poche et je lui donnai 3L. Il parut content et me dit qu’il me la portrait lui-même le lendemain sur sa monture. Le lendemain passa sans le voir venir et le surlendemain mon domestique fut au Buisson et me dit avoir vu R et son frère qui lui avait dit qu’il viendrait me rendre ma rente mais quand il avait été la veille le matin au Roussel ses compagnons du Roussel lui avaient dit que le soir en arrivant de brûler les bancs on l’avait mangé mais qu’il me remettrait les 3L.

Mais il n’a fait ni l’un ni l’autre’ ; Quelque temps auparavant ledit R, un dimanche à la sortie des vêpres, monta sur la muraille du cimetière et cria que ceux qui payeraient les rentes s’en repentiraient accompagné d’un nombre d’autres invectives. Le dimanche suivant, à la sortie de la 1° messe, il cria de ne payer les rentes à » aucun seigneur sous peine de les pendre

AN D XXIX
L’ensemble certifié conforme à l’original par nous greffier pris d’office danss l’instruction des procédures a Sarlat 23 mars 1790  BONHUR


SYNTHESE
       La complexité du mouvement, la différence des objectifs des paysans incriminés, mais aussi ceux des notables qui les dénoncent apparaissent bien dans ce qui se passe a quelques dizaines de kilomètres de Saint Léon, et autour de Cadoin, c'est-à-dire cette fois en rive sud de la Dordogne, à peu près simultanément .
Nous connaissons les événements qui se sont déroulés dans ce qui pourrait correspondre au Canton de Cadouin à travers les lettres que 8 notables, écrivent sur un modèle semblable les 4 et 5 février dans une action concertée et qui toutes commencent par exprimer leur reconnaissance à Belvès. Elle rejoignent en cela les témoignages reçus par la ville pour la soutenir dans ses prétentions de chef lieu de district, doté du tribunal correspondant : « Instruits que de toutes les villes des environs la v^tre est la seule à déployer toutes ses forces pour arrêter les insurrections et brigandages qui se commettent journellement dans le pays, j’ai l’honneur de vous prévenir que… » L’un des témoins y ajoute son espoir de «  la bonne conduite que nos bons citoyens tiendront à l’avenir et par la confédération qui vient de nous unir pour pouvoir vous donner par la suite une meilleure idée de cette paroisse ». Les deux principaux meneurs Repéré (Géraud Laval) et Quincayré ayant été arrêtés le dimanche 30, des témoignages soient recherchés pour faire leurs procès qui aboutit à la condamnation à mort de Laval  .
     La liasse dont nous disposons et dont le double (d’ailleurs plus complet a été envoyé au comité des droits féodaux) comporte 8 témoignages : celui du curé d’Alès, Martres ;  de deux nobles Caumont (Cabans), et le chevalier de Boucher (le Buisson), celui de l’avocat Delisle de Frégère (le Buisson), celui d’un militaire Sauret, capitaine au Régiment de Poitou, de, de Beaumont de la Tour’ (Cabans), et de deux  bourgeois, les Sieur Touren (Cabans) et de la Sirolie (Cugnac) .
     Ils dénoncent des attroupements qui se seraient produits du mardi 26 au vendredi  29 janvier dans un secteur restreint de 5 km le long de la Dordogne de part et d’autre du cingle de Trémolat. » Je sais, déclare une victime du mardi 26, que depuis ce jour jusqu’au 30 ils n’ont cessé d’être attroupés et qu’ils sont allés chez un certain nombre de personnes les faire contribuer,
 L’évocation de Cugnac est celle d’un actuel lieu-dit de la commune du Buisson et pas du fameux château de l’actuelle commune de Sainte Sabine aux frontières sud du département.
     Le témoignage vise une bande que les chiffres évaluent lorsqu’elle est complète à 30 à 40 individus même si à un moment donné il est question de 100 voire de mille hommes. Sont-il véritablement armés ? Les témoins en gros indiquent que la bande ne l’est qu’en partie et le plus menaçants de hâches, le plus couramment de bâtons 1
Le meneur le plus souvent cité est Géraud Laval surnommé Réparé le chef de cette bande de brigands ». Son adjoint porte le surnom de Quicayré. Apparaissent des personnages auxquels on prête des rôle divers : ainsi de ce Soustre qui aurait été condamné à être pendu2 et en qui Frégère dénonce le passeur d’ordres. Quant à ceux qui l’accompagnent on les dédouane selon un procédé aussi habituel que pratique comme le fait Caumont qui remarque la présence de « plusieurs de ma paroisse qui n’avaient point de mauvaises intentions.


     Les paysans sont décrits aussi à travers leur propos censés au moins autant que leurs actes être répréhensibles.   
De ce point de vue les propos les plus violents sont ceux des deux nobles : le chevalier Boucher prête à Réparé la menace de « couper la tête »3 et de « vouloir tuer 40 riches comme de rien, ». Il attribue encore à Réparé des propos plus violents encore, répondant, alors qu’il appelle au refus de la rente, à la mise en garde du chevalier « quand il viendrait 40 cavaliers il les mettrait tous dans le puits »  Caumon  insiste aussi sur la pression exercée par les meneurs tout en dédouanant Réparé
(«  beaucoup de menaces à ceux qui refusaient de les suivre »)  Surtout, il dénonce les sacrilèges « Ils ont commis devant le St Sacrement les indécences les plus grandes »  D’une façon générale ce sont « les mauvais sujets »pour lesquels il rend grâce à Belvès d’être délivré. Le curé est peu en reste demandant d’être a propos de Réparé delivré d’un « fléau aussi redoutable ». Les notables sont plus modéré même si le Sirolie, accuse Réparé d’avoir battu son meunier. Il fait surtout apparaître Soustre comme agissant en terrain conquis « Soyons ami si vous m’en croyez car je peux beaucoup. Touren est tout aussi modéré

    Reste pourtant un témoin qui se place sous un tout autre angle : il s’agit de l’avocat Delisle de Frégère : après avoir refusé de se plaindre de personne, même pas de Réparé, il rapporte le dialogue qu’il a eu avec lui au moment de son arrestation : le coupable reconnaît les faits tout en leur déniant tout caractère de violence5 :
et on lui avait donné 18L et déclare qu’il ne le ferait plus même pour un louis d’or. Quant aux autre Frégère montre chez les attroupés des individus mus par la crainte qu’on irait chez eux « boire leur vin et manger tout leur pain »
     En somme la présentation obéit à la règle classique : noble et curé dénonce la violence bestiale de paysans que les patriotes montrent victimes de manœuvres de corrupteurs.

     Les faits rapportés

Les opérations de restitution
    Elles sont l’un des premiers mobiles de l’action : Sauret se voit réclamer 20 écus, que j’avais fait payer injustement’. Boucher témoigne qu’un certain Souffron s’est fait donner 24L. Le curé d’Alès quant à lui se voit réclamer les 24L gagnées dans un procès aux habitants de Cabans suite aux « dommages faits par eux ou par leurs bestiaux ». La somme versée, le curé doit aussi faire un billet dont il n’a pas gardé le souvenir du montant pour rembourser les frais du même procès. Le troisième témoin Frégère évoque quatre personnes taxées outre les 2 déjà citées, Caumont et la Sirolie tout en précisant « Je n’ai vu aucun des faits ». Le même Caumont s’est vu exiger 30 livres « destinées aux répations de l’église

La restitution  des rentes
      Au cœur de l’affaire se trouve la question des rentes. Elle fait le lien avec les événements qui, un peu plis au sud maintiennent un état d’agitation larvée. Reste à qualifier ces actions
Une grève de la rente mal suivie ?
       Caumont témoigne qu’ un mois aparavant il y a bien eu un mot d’ordre ferme de ne pas payer les rentes » à l’instigation de quelques uns de la paroisse avait crié devant la porte de l’église que quiconque serait assez hardi et assez téméraire de payer les rentes à quelques seigneur qu’il leur servirait lui-même de bourreau. Plus logiquement Frégère fait remonter ce discours à deux mois auparavant, soit fin novembre, ce qui coïncide avec l’affaire de Ladouze et paraît mieux entrer dans le calendrier des prélèvements où il aurait proclamé la défense de payer les rentes sous peine de leur confiscation.
Reste le  chevalier de Boucher qui  prête à Réparé le projet d’aller « voir le sieur Laurent à cause qu’il avait payé ses rentes à Cugnac et le montre « quelques temps avant « annonçant qu’il ne fallait pas payer les rentes .
      Mais le mot d’ordre semble avoir ci aussi inégalement suivi. D’où, comme dans les attaques de château , la volonté de récupérer les rentes versées et de sanctionner les payeurs, ce qui paraît logique puisqu’en payant il se sont pliés à un ordre illégal. Ainsi, pour La Sirolie, le premier motif de l’attroupement c’est de faire enlever la rente payée par Touren à Cugnac. Le 27 janvier dernier, je me décidai à envoyer au château de Cugnac chercher 3 quartons moins demi picotin froment ou seigle et une poule que j’avais cd payé de rente que je dois audit Cugnac, a cause que j’avais été averti que si je ne le faisais rendre on me couperait le cou et qu’on viendrait me manger ert boire tout ce que j’avais chez moi sans avoir pu découvrir précisément qui tenait ces propos.
Quitte à étendre la menace à toute forme de versement aux seigneurs : La Sirolie évoque le cas d’un de ses tenanciers : pour régler ses arrérages de 100 L , celui-ci avait donné en acompte 2 barriques de vins. Menacé par les mutions » il vint  me trouver tout effrayé pour me prévenir de tout cela et tâcher d’y mettre ordre. Pour le protéger  il aurait versé le prix du vin, soit 3 louis



Les bancs brûlés
    Le chevalier de Boucher mentionne que les bancs ont été brûlés au Buisson le 26 après en avoir annoncé le projet la veille. Le curé les montre, le 29, aller vérifier bles dégradations qu’on avait faites. Delisle les montre allant à Cabans brûler tous les bancs dont il trouve les traces dans le cimetière. Caumont évoque le brûlement des bancs de vant l’église de Cabans
Boire et manger
   Le premier témoin affirme avoir refusé de donner à boire. Ni le chevalier de Boucher, ni l’avocat Frégère n’en font mention le second ne fait pas mention. Dans les mêmes termes Caumont et le curé d’Alès déclarent qu’on le força à donner à boire et à manger. Nettement plus distant la Sirolie refuse tout net et répond a Soustre qui tente d’entrer pour boire « Je lui dis que je ne recevrai pas chez moi des gens ivres en si grand nombre. Royal il offre à ses visiteurs de consommer dehors 2ou 3 bouteilles de vin
Touren
«  En effet, vers les 2h de l’après midi, vint chez moi le nommé Coudert me dire qu’il allait arriver environ 300 h pour brûler les bancs et qu’on avait charge de venir me dire de leur apprêter le souper. Je lui répondis qu’il me serait impossible de donner à souper  a tant de monde, je lui demandai si tous lui avaient donné cet ordre. Il me répondit que non mais qu’il y en avait une 40ne, lequel dit Coudert a toujours été de la bande des brigands. Et après lui avoir témoigné la peine et l’embarras où j’étais et l’alarme que cela donnait a toute ma maison,
TOUREN
Ce que je fis. Je les invitai à boire après avoir brûlé les bancs je les invitai encore et dans ce moment R dit qu’il fallait se partager aller en partie chez M le Curé et les autres chez moi. Alors je lui dis de les mener à tous. Ils vinrent boire sous mon portail où j’avais fait mettre  une table avec du pain au nombre de plus de 40 qui burent environ 18 bouteilles de vin et mangèrent en pain.



11/01/2012

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