Le Change : "Il n'y a plus ni comte ni marquis" (janvier 1789)

Le CHANGE, janvier 1790 : l’agitation dans la
sénéchaussée de Périgueux     

                    
«   IL N’Y A NI COMTE, NI
MARQUIS »

 

       Même si
l’agitation de l’hiver 1790 intéresse d’abord le Sarladais, nous avons noté
aussi quelques unes de ses manifestations plus éparses au nord du Périgord.
Dans les faits qui se déroulent au Change le jour des Rois , il est question de
plusieurs personnages repérables par ailleurs :

-le marquis de Bayli
de la Richardi
e est l’un des adversaires les plus résolus du conseil des

communes. On le voit au moment des municipales agir contre Pipaud des Granges
par l’entremise d’un de ses hommes, Robert constant (voir chapitre 12)

-La Rue  (ou Larue)est un avocat périgourdin qui a été
intronisé dans ses fonctions de commandant de la garde patriotique du Change
par le consul Moulinard qui possédait lui-même une seigneurie au Change
(registre du Conseil des communes). C’était un proche de Pipaud qui devait être
ensuite élu juge de paix. C’est un adversaire de la maréchaussée : voir
l’affaire La Chabroulie(voir chapitre 8)

-Lamy, au service
du comte de Beyli a déjà été rencontré au printemps dans les affaires de
spéculation sur les grains  (chapitre 6)

 

Le document de référence, la plainte à la marécxhaussée,
nous montre Lamy, receveur du comte de Baily de la Richardie,  dénonçant  comme un fait 
de menace permanente pesant sur la commune  du Change, 
 la violence de certains habitants,
violence d’abord antiseigneuriale. Or celle-ci peut d’autant plus se donner
libre cours  qu’elle  s’exerce avec la complicité, au moins
passive, du commandant de la troupe nationale, La Rue  

 A cause de celui-ci
Lamy   a failli « être sacrifié aux suites  de la  licence funeste qui  sous le commandement du Sieur Larue peut
former plutôt un théâtre de sang qu’un lieu de sûreté pour les citoyens
pacifiques. Il faut espérer que les citoyens ouvriront enfin les yeux et que
cette malheureuse paroisse ne gémira pas longtemps  sous le poigt (sic) de ce petit tyran ». allusion assez claire aux
prochaines élections municipales.

  La matière de
l’affrontement est l’excès du fmeux droit de curage : le comte de Bailly
se plaint que les habitants de la paroisse dépourvus de bois dévastent les
siens. Lamy prend l’affaire en main et décide de faire crier devant la porte de
l’église « que personne n’eut à couper
aucun arbre « 
.  Sauf que

la pratique était courante et considérée comme un usage, son interdiction
devenant intolérable même si des abus pouvaient la justifier. D’où la violence
des réactions : l’ordre à peine donné par Lamy un   nommé
Bernard Bonnet  s’oppose à ce que le
crieur s’exécute »disant qu’il n’y
avait de comte ni marquis que tt le monde était égal.
En même temps, le

crieur est menacé. Lamy s’interpose : « Qui êtes vous pour ôter la qualité de ces Messieurs. » et il
s’approche de Bonnet qui se croit menacé. D’où la scène que montrent les
documents :

Lamy : »Qui
êtes-vous, quel est votre nom ?

Bonnet : « Je
m’appelle rien ou personne »
et il se jette sur Lamy qui « étant

de grande taille » s’en débarrasse. Mais quand Lamy  s’avance vers la port  de l’église tout le monde crie pour qu’on ne
puisse l’entendre. Bonnet se jette de nouveau sur lui et cette fois il est en
difficulté mais s’en tire grâce à l’aide d’un domestique du sieur Lagorce. Or
Larue est présent, voit la scène mais ne bouge pas. La foule s’excite. Les uns
parlent d’assommer Lamy, d’autres de le jeter du haut du pont de la Beauronne. Mais
finalement (le comte de Beaumont et le Sieur Lafont ayant réagi), La Rue avec les « deux messieurs »s’avance
et le trouble cesse.

D’où une seconde scène :

Lamy à Larue : « Monsieur , vous êtes commandant de cette troupe, pourquoi n’arrêtez
vous pas un  pareil
attentat  ?Je vous demande justice
 »

Larue »Quelle
justice voulez vous que je vous rende. Vous avez tort. On ne connaît ici ni seigneur
ni marquis, nous sommes ts égaux 
». La foule reprend « ses cris

séditieux ».Bonnet tente à nouveau de le frapper .Lamy annonce qu’il
défendra sa vie…Personne ne réagit, pas plus que Larue.

En fait on souligne alors que Bonnet « insolent et
séditieux de premier ordre » avait été renvoyé de la troupe mais que la
Rue l’a réintégré dès qu’il l’a pu « 
Ce sont des gens de cette trempe qu’il faut à M le Commandant »

La phase suivante met en scène le conseil des communes qui
entretient des liens étroits avec le comité local et Lamy s’adresse à lui pour
obtenir justice. Mais, après l’affrontement de décembre avec la maréchaussée,
le comité a décidé de s’abstenir de toute intervention de ce type et répond que
cette affaire ne le regarde pas, « quelle
est du ressort de celle du Change »

M Pipeau écrivit  donc à ce comité
et remit sa lettre au Sr Lamy qui la remet au comité. « Mais point de justice pour le sr Lamy » : le comité
a refusé d’entendre l’adversaire de son président

     Celui-ci Il
s’adresse donc au prévôt et demande la permission d’informer des violences
qu’il a éprouvée le 6 du courant au Change 
de la part du nommé Bonnet et du soit disant commandant la Ru en
concluant »Le moment d’arrêter la fougue
du Sr Larue arrivera sans doute bientôt et jamais il ne fut d’époque si désirée
que celle ou cet étourdi cessera des fonctions qui compromettent les habitants
du canton »

 



03/03/2012

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